Jour 54:
Upwind Blues

Ils sont unanimes. Les 7 navigateurs solitaires qui, de Thomas Ruyant, 4ème, à Justine Mettraux, 10ème, constitue le groupe compact de chasse derrière le trio de tête, ont eu leur pesant de lyophilisé en matière de navigation au près. Depuis le 31 janvier et leur contournement des Falklands (Maldives) le long de la Zone d’Exclusion Antarctique, ça tape, ça bouge, ça gîte, ça secoue humains et matériel sans discontinuer.

S’ajoute depuis 48 heures un phénomène de grains orageux particulièrement virulents, qui voit le vent tourbillonner et passer de 5 à… 30 noeuds en quelques minutes, quand il ne tourne pas carrément à la mini tornade dévastatrice comme celle subit hier par Thomas Ruyant (VULNERABLE), le compagnon d’écurie chez TR Racing de Sam Goodchild. Le Britannique encaisse mais commence lui aussi à avouer son impatience de s’extirper le plus vite possible de cette partie par trop imprévisible de l’Ocean Atlantique Sud. Il doit pour ce faire contourner aujourd’hui une dépression bien creuse en sa façade Est, toujours au près mais proche de son centre peu venté. Un exercice de haute couture, millimétré, que l’imprécision des fichiers météos en cet endroit du monde rend particulièrement aléatoire. 8ème du classement provisoire, il s’attache à coller aux basques des véloces Charal (Jérémie Beyou) et Holcim – PRB (Nicolas Lunven), très à l’aise aux allures proches du lit du vent, et parvient à garder à distance le redoutable Malizia (Boris Herrmann), tout en déplorant l’écart intelligemment creusé par Paul Meilhat (Biotherm), très joueur dans sa négociation voici trois jours des forts flux de secteur Nord. Passé le centre de la dépression aujourd’hui, Sam et ses compagnons de labeur aborderont les flux de secteur Ouest au Nord de la dépression. Un épisode de reaching, travers au vent attendu comme des étrennes par des solitaires qui n’en ont pas terminé avec cet Atlantique Sud particulièrement retors.

 

1- Peux tu nous décrire tes conditions de nav depuis 48 heures? 

« Pas franchement sympa! on est au près, dans 20 à 30 noeuds. Ca tape pas mal. La vie est difficile dans le bateau. Tout bouge. Il faut faire attention à ne pas se blesser. Hier était une journée à grains, ça passait de 5 noeuds à 30 noeuds en quelques minutes. Beaucoup de changements de direction et donc, beaucoup de manoeuvres. On savait l’Atlantique Sud capricieux, et ce n’est pas le meilleur moment de ce tour du monde. On a hâte que ça se termine. On va rentrer bientôt dans la dépression que l’on va contourner par l’Est. Toujours des orages et de la mer, et du vent pas toujours dans la bonne direction. »

2- La Zone d’Exclusion a forcément été un facteur limitant?

« Ca nous a fait tirer beaucoup de bords. On a dû la longer mais c’est le jeu pour tout le monde. »

3- Comment se comporte ton bateau au près?

« C’est pas mal. Charal et Holcim sont un peu au dessus grâce à leurs foils. Je vais parfois un peu plus vite que Malizia. Paul est allé chercher le front et cela a bien marché pour lui, Il nous a mis quelques milles qui font mal. J’essaie de tenir Boris. »

4- La route à venir vers Rio semble très compliquée.

« Je ne me projette pas aussi loin. Ce n’est pas un endroit facile à passer, mais je dois d’abord gérer la dépression qui se forme devant nous. Il faut trouver le meilleur endroit pour la traverser en son centre. On aura ensuite un peu de reaching avant Cabo Frio qui sera un nouveau gros morceau à négocier en fonction de l’endroit d’où nous sortirons de la dep. On fait du Nord et ça réchauffe. »

5- Qu’est ce qui a changé depuis le Horn?

« Les températures augmentent. J’enlève des couches de vêtements au fur et à mesure. Il y a beaucoup moins d’oiseaux et on voit beaucoup de bateaux de pêche à l’AIS. Les nuits sont plus longues et plus noires. On a très peu vu le soleil. On est dans le gris. »

6- Après 55 jours de mer, ressens tu de la lassitude? 

« Ce n’est pas le moment le plus fun du Vendée Globe. On stresse pour le bateau qui tape et les voiles qui battent. Je souffre de ne pas avoir une vision claire de ma route, de mes way points, car tout évolue très vite. J’ai hâte que tout s’arrange et qu’on en finisse avec ce près! »

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Compétition

Jour 54:
Upwind Blues

Ils sont unanimes. Les 7 navigateurs solitaires qui, de Thomas Ruyant, 4ème, à Justine Mettraux, 10ème, constitue le groupe compact de chasse derrière le trio de tête, ont eu leur pesant de lyophilisé en matière de navigation au près. Depuis le 31 janvier et leur contournement des Falklands (Maldives) le long de la Zone d’Exclusion Antarctique, ça tape, ça bouge, ça gîte, ça secoue humains et matériel sans discontinuer.

S’ajoute depuis 48 heures un phénomène de grains orageux particulièrement virulents, qui voit le vent tourbillonner et passer de 5 à… 30 noeuds en quelques minutes, quand il ne tourne pas carrément à la mini tornade dévastatrice comme celle subit hier par Thomas Ruyant (VULNERABLE), le compagnon d’écurie chez TR Racing de Sam Goodchild. Le Britannique encaisse mais commence lui aussi à avouer son impatience de s’extirper le plus vite possible de cette partie par trop imprévisible de l’Ocean Atlantique Sud. Il doit pour ce faire contourner aujourd’hui une dépression bien creuse en sa façade Est, toujours au près mais proche de son centre peu venté. Un exercice de haute couture, millimétré, que l’imprécision des fichiers météos en cet endroit du monde rend particulièrement aléatoire. 8ème du classement provisoire, il s’attache à coller aux basques des véloces Charal (Jérémie Beyou) et Holcim – PRB (Nicolas Lunven), très à l’aise aux allures proches du lit du vent, et parvient à garder à distance le redoutable Malizia (Boris Herrmann), tout en déplorant l’écart intelligemment creusé par Paul Meilhat (Biotherm), très joueur dans sa négociation voici trois jours des forts flux de secteur Nord. Passé le centre de la dépression aujourd’hui, Sam et ses compagnons de labeur aborderont les flux de secteur Ouest au Nord de la dépression. Un épisode de reaching, travers au vent attendu comme des étrennes par des solitaires qui n’en ont pas terminé avec cet Atlantique Sud particulièrement retors.

 

1- Peux tu nous décrire tes conditions de nav depuis 48 heures? 

« Pas franchement sympa! on est au près, dans 20 à 30 noeuds. Ca tape pas mal. La vie est difficile dans le bateau. Tout bouge. Il faut faire attention à ne pas se blesser. Hier était une journée à grains, ça passait de 5 noeuds à 30 noeuds en quelques minutes. Beaucoup de changements de direction et donc, beaucoup de manoeuvres. On savait l’Atlantique Sud capricieux, et ce n’est pas le meilleur moment de ce tour du monde. On a hâte que ça se termine. On va rentrer bientôt dans la dépression que l’on va contourner par l’Est. Toujours des orages et de la mer, et du vent pas toujours dans la bonne direction. »

2- La Zone d’Exclusion a forcément été un facteur limitant?

« Ca nous a fait tirer beaucoup de bords. On a dû la longer mais c’est le jeu pour tout le monde. »

3- Comment se comporte ton bateau au près?

« C’est pas mal. Charal et Holcim sont un peu au dessus grâce à leurs foils. Je vais parfois un peu plus vite que Malizia. Paul est allé chercher le front et cela a bien marché pour lui, Il nous a mis quelques milles qui font mal. J’essaie de tenir Boris. »

4- La route à venir vers Rio semble très compliquée.

« Je ne me projette pas aussi loin. Ce n’est pas un endroit facile à passer, mais je dois d’abord gérer la dépression qui se forme devant nous. Il faut trouver le meilleur endroit pour la traverser en son centre. On aura ensuite un peu de reaching avant Cabo Frio qui sera un nouveau gros morceau à négocier en fonction de l’endroit d’où nous sortirons de la dep. On fait du Nord et ça réchauffe. »

5- Qu’est ce qui a changé depuis le Horn?

« Les températures augmentent. J’enlève des couches de vêtements au fur et à mesure. Il y a beaucoup moins d’oiseaux et on voit beaucoup de bateaux de pêche à l’AIS. Les nuits sont plus longues et plus noires. On a très peu vu le soleil. On est dans le gris. »

6- Après 55 jours de mer, ressens tu de la lassitude? 

« Ce n’est pas le moment le plus fun du Vendée Globe. On stresse pour le bateau qui tape et les voiles qui battent. Je souffre de ne pas avoir une vision claire de ma route, de mes way points, car tout évolue très vite. J’ai hâte que tout s’arrange et qu’on en finisse avec ce près! »

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