
C’est un Sam Goodchild plus appliqué que jamais, à sa trajectoire, à la bonne tenue de son VULNERABLE et à sa propre intégrité physique face à un bouillonnant Océan Indien, qui progresse ce matin à belle allure en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique. A l’instar de ses inséparables compagnons de route, les duos Bestaven – Meilhat dans son tableau arrière et Lunven-Beyou à son vent, le skipper de VULNERABLE lorgne vers le cap Leeuwin et ce dernier tronçon Australien d’un Océan Indien particulièrement virulent.
Sam encaisse avec aplomb une nouvelle dépression, certes moins creuse et rapide que la précédente, mais qui bouscule hommes et machines sans discontinuer depuis déjà près de 36 heures. Elle va pousser Sam et ses concurrents immédiats sous l’Australie et sur ce long bord bâbord amure qui impose vigilance et réactivités aux solitaires, prompts à modifier en permanence leurs plans de voilure au rythme des accélérations ou ralentissements du vent de Nord Ouest.
C’est, comme toujours dans ces circonstances, le sommeil qui fait les frais de cette régate planétaire au contact. La vie des solitaires prend en ces circonstances une dimension animale, tapis au fond de leurs cabines, le corps figé, les mouvements réduits au minimum, et le regard en alerte perpétuel sur les innombrables cadrans qui tapissent leur spartiate intérieur, et qui révèlent en instantané le pouls et les respirations du bateau. L’homme et la machine ne font plus qu’un, en une résistance contrôlée et teintée d’humilité des puissances de la nature.
Sam 📞💬👇🏻
“Le bateau accélère fort. 0n a des conditions toniques, dans 30 noeuds de vent. On marche à plus de 20 noeuds en permanence. Le vent oscille et j’essaie d’adapter ma voilure. La grosse dépression de l’Indien nous a bien secoué. C’était la première grosse dépression de ce Vendée Globe. On n’a pas eu trop de soucis, juste mon safran tribord que je surveille. A voir si je devrais m’arrêter pour changer une pièce en essayant de ne pas perdre trop de temps. Ce safran est le seul sujet technique à déplorer mais on le surveille. Je m’en suis bien sorti. Il y a eu une nuit où je n’ai pas pu dormir car le bateau bougeait trop. Là, j’ai dormi 3 heures ces dernières 24 heures. On est dans une deuxième dépression moins costaude mais qui secoue bien. Je suis bien calé à l’intérieur, pour ne pas m’envoler dans les chocs. J’ai pu faire le tour du bateau. J’essaie de ne pas trop regarder la concurrence. Mais j’ai des adversaires très proches. Je n’ai pas vu signe de vie depuis le Brésil. Je ne vois mes adversaires que sur la cartographie. Nico et Jérémie ne sont pas très loin devant. Boris arrive fort derrière avec les filles. Je ne m’intéresse pas à leur route. J’espère recoller à la faveur des molles. La météo évolue très vite. J’essaie toujours de faire ma course, sans prendre de risque mais en préservant le bateau. Il ne fait pas encore trop froid. Tant mieux, car j’ai essayé de démarrer mon chauffage et ça n’a pas marché (rires).”