
Pression-compression
Comme c’est souvent le cas lors de courses estivales en Méditerranée, le caractère paresseux de cette grande mer intérieure vient souvent bousculer les scénari et rebattre des cartes que l’on croyait définitivement attribuées. Si le passage hier après midi des trois leaders, dans le sillage d’Arkea Paprec, a pu s’effectuer au petit trot et aux allures portatives, c’est bien un fort ralentissement, au large de Malaga et à 170 milles de l’arrivé, suivi en milieu de nuit d’un arrêt buffet, qui s’est invité dans cette The Ocean Race Europe. 100 milles derrière le trio de tête, Allagrande Mapei, revenu d’un débours de plus de 70 milles, parvenait en milieu de nuit à souffler la 4ème place à Malizia au passage devant Tarifa.
Ambrogio Beccaria, Thomas Ruyant, Manon Peyre et Morgan Lagravière voyaient leurs louables efforts récompensés par ce passage tout en panache, à plus de 36 noeuds, sous le fameux rocher de Gibraltar. Un instant de grâce pour tout l’équipage! Suivi comme leur ombre par un Malizia très justement revanchard, Allagrande Mapei a jusqu’au lever du jour, profité à plein des derniers miasmes d’un généreux vent d’Ouest, avant de venir à son tour buter dans la bulle anticyclonique qui emprisonne la tête de flotte. Les écarts ont, pour une fois, joué en faveur des rattrapants, et Allagrande Mapei ne pointait plus ce matin qu’à 44 milles d’un nouvel et éphémère leader, Biotherm. Les places, tant en tête qu’au niveau des poursuivants, risquent ainsi de s’échanger au fil de ce 5ème jour de course, au hasard des fluctuations des petits airs tourbillonnants d’Est en Ouest qui sévissent sur la route de Cartagena, la capitale de la province de Murcie encore distante ce matin de plus de 110 milles. Un flux de Sud Est s’installe devant Almeria, à une quarantaine de milles des leaders. Le premier Imoca à le toucher prendra une sérieuse option sur la victoire d’une étape riche en rebondissements et configurations de course.
Morgan Lagravière : Un Gibraltar mémorable!
« On est reparti de Porto dans de supers conditions, rapides et volantes. On a eu pas mal de manœuvres à St Vincent, aux allures vmg pile dans l’axe, et de nuit! Ce fut très intense. On a enchainé avec un super run sous le cap st Vincent sur mer plate propice à décoller. On a fait voler le bateau. De superbes moments. On a ensuite enchainé avec des conditions variables et plutôt meilleures que prévu à Gibraltar. Donc un meilleur scénario vis a vis de Malizia. On a pris notre chance sous spi. On a pu doubler Malizia. Le goulet de Gibraltar s’est montré très actif avec du vent On a bien géré le timing et on est reparti au portant. Et là, moment mémorable à 35 noeuds de moyenne, durant 3-4 heures. On se bagarre depuis dans des vents faibles typiques de la Med. On s’organise en conséquence pour rester à fond et se reposer. Belle organisation à bord. On est d’attaque! »
© Pierre Bouras