Jour 24 :
Les jours de vérité

Quatrième semaine de course et le Vendée Globe projette ses protagonistes dans la si redoutée réalité du Grand Sud. L’Océan Indien promet depuis 24 heures aux solitaires de tête son visage le plus redouté par la voix d’une dépression australe au développement et à la trajectoire plein Est ultra rapide et particulièrement virulente!

Chaque marin, depuis lundi, mettant un moment le côté régatier de leur aventure en stand by, a recherché la meilleure attitude, la meilleure posture, la meilleure trajectoire pour encaisser, en minimisant les dommages et sans trop altérer la performance, le roulement des puissants vents d’Ouest et leurs corollaires de mers formées et de rafales scélérates.

Dès lundi, Thomas Ruyant affichait la couleur en orientant résolument son étrave au Nord Est, bien décidé à ne pas subir le gros du coup de vent, ni à s’imposer derrière le front un pénible et redoutable épisode de navigation au près face à des creux annoncés à plus de 9 mètres. Seuls les deux leaders Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Simon (Groupe Dubreuil), forts de leur position en tête et au plus près de la route directe, y ont vu une opportunité de creuser l’écart, et d’envisager un coup gagnant, à condition de s’extirper sans dommage  travers aux forts flux de Nord pour capitaliser sur un décalage Sud Nord de plus de 350 miles avec leurs poursuivants immédiats, les deux plans Koch-Finot Conq VULNERABLE et Arkea Paprec (Richomme). Un pari culotté que Thomas s’est refusé à tenter, considérant que cette première grosse prise de risque venait un peu tôt dans son Vendée Globe, et que la préservation de son bateau primait avant toute considération stratégique. Il a recollé ainsi cette nuit à Yoann Richomme, un moment lui aussi tenté par la route Sud et qui a empanné hier soir juste devant son étrave.

Thomas, fort de sa solide expérience de ses deux Vendée Globe, a mis tous les atouts de son côté pour encaisser au mieux ce premier sérieux coup de grisou. Trois jours de vérité s’avancent, durant lesquels la dépression ne va cesser de grossir tout en accélérant vers l’Est. Thomas et les protagonistes du Nord vont s’accrocher à sa bordure septentrionale avant de plonger à leur tour vers la route directe, en espérant éviter le plus mauvais de la mer.

Echanges audio avec Thomas :

– Es tu content de ta position, entre lesNordistes et les Sudistes?

« On va voir dans plusieurs jours. J’ai une position « safe ». Je m’attendais à « faire” l’Indien en longeant la zone des glaces. Les plans ont changé avec cette dépression qui a évolué rapidement. Je ne sentais pas le truc et je suis content d’avoir bifurqué tôt vers le Nord Est, au près. On perd sur les Nordistes (Lunven et Beyou) mais je préfère être là plutôt qu’avec les Sudistes.”

– Sera-t’il possible de rester à l’avant de cette dep ou va t’elle vous dépasser et en combien de temps?

“Je suis travers au vent pour faire du Nord Est. Avec la bascule gauche, je vais accélérer en avant de la dep. Elle finira par nous passer dessus. Après l’empanage derrière le front, on va suivre la dep. On pourra ajuster le curseur entre perf et sécu. Je vais affiner cela. On attend 7 à 8 m de houle, avec de plus grosses vagues, et une mer croisée. Il y aura une part de dos rond à faire pour sortir sans dommages. On fera les comptes à la fin. Charlie et Seb peuvent sortir avec une  belle avance. Mais moi, je ne la sens pas cette dep!”

– Comment te prépares tu au gros temps, toi et ton bateau?

“Le bateau va bien. J’ai tout rangé à l’intérieur et dehors, avec les voiles qui me serviront pour les deux ou trois prochains jours, le J2 et J3. Je mentalise les manoeuvres à faire, prises de ris etc. Je prendrai le temps de bien faire les choses, Je suis prêt.”

– Imagines tu à terme un certain regroupement de la flotte de tête ou y a t’il possibilité pour les leaders de s’échapper?

“Si Seb et Charlie passent, ils peuvent faire de gros écarts. Mais je suis content d’être là. Il va y avoir de la grosse mer derrière le front. “

– As tu souvenir du très gros temps en 2020 et 2016?

“En 2016, en montant  très Nord, je casse le bateau en voulant éviter une dep comme celle ci. En 2020, j’ai eu 50 noeuds dans l’Indien, et des mers pénibles, C’est ce qu’on aura dans deux jours!”

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Jour 24 :
Les jours de vérité

Quatrième semaine de course et le Vendée Globe projette ses protagonistes dans la si redoutée réalité du Grand Sud. L’Océan Indien promet depuis 24 heures aux solitaires de tête son visage le plus redouté par la voix d’une dépression australe au développement et à la trajectoire plein Est ultra rapide et particulièrement virulente!

Chaque marin, depuis lundi, mettant un moment le côté régatier de leur aventure en stand by, a recherché la meilleure attitude, la meilleure posture, la meilleure trajectoire pour encaisser, en minimisant les dommages et sans trop altérer la performance, le roulement des puissants vents d’Ouest et leurs corollaires de mers formées et de rafales scélérates.

Dès lundi, Thomas Ruyant affichait la couleur en orientant résolument son étrave au Nord Est, bien décidé à ne pas subir le gros du coup de vent, ni à s’imposer derrière le front un pénible et redoutable épisode de navigation au près face à des creux annoncés à plus de 9 mètres. Seuls les deux leaders Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et Simon (Groupe Dubreuil), forts de leur position en tête et au plus près de la route directe, y ont vu une opportunité de creuser l’écart, et d’envisager un coup gagnant, à condition de s’extirper sans dommage  travers aux forts flux de Nord pour capitaliser sur un décalage Sud Nord de plus de 350 miles avec leurs poursuivants immédiats, les deux plans Koch-Finot Conq VULNERABLE et Arkea Paprec (Richomme). Un pari culotté que Thomas s’est refusé à tenter, considérant que cette première grosse prise de risque venait un peu tôt dans son Vendée Globe, et que la préservation de son bateau primait avant toute considération stratégique. Il a recollé ainsi cette nuit à Yoann Richomme, un moment lui aussi tenté par la route Sud et qui a empanné hier soir juste devant son étrave.

Thomas, fort de sa solide expérience de ses deux Vendée Globe, a mis tous les atouts de son côté pour encaisser au mieux ce premier sérieux coup de grisou. Trois jours de vérité s’avancent, durant lesquels la dépression ne va cesser de grossir tout en accélérant vers l’Est. Thomas et les protagonistes du Nord vont s’accrocher à sa bordure septentrionale avant de plonger à leur tour vers la route directe, en espérant éviter le plus mauvais de la mer.

Echanges audio avec Thomas :

– Es tu content de ta position, entre lesNordistes et les Sudistes?

« On va voir dans plusieurs jours. J’ai une position « safe ». Je m’attendais à « faire” l’Indien en longeant la zone des glaces. Les plans ont changé avec cette dépression qui a évolué rapidement. Je ne sentais pas le truc et je suis content d’avoir bifurqué tôt vers le Nord Est, au près. On perd sur les Nordistes (Lunven et Beyou) mais je préfère être là plutôt qu’avec les Sudistes.”

– Sera-t’il possible de rester à l’avant de cette dep ou va t’elle vous dépasser et en combien de temps?

“Je suis travers au vent pour faire du Nord Est. Avec la bascule gauche, je vais accélérer en avant de la dep. Elle finira par nous passer dessus. Après l’empanage derrière le front, on va suivre la dep. On pourra ajuster le curseur entre perf et sécu. Je vais affiner cela. On attend 7 à 8 m de houle, avec de plus grosses vagues, et une mer croisée. Il y aura une part de dos rond à faire pour sortir sans dommages. On fera les comptes à la fin. Charlie et Seb peuvent sortir avec une  belle avance. Mais moi, je ne la sens pas cette dep!”

– Comment te prépares tu au gros temps, toi et ton bateau?

“Le bateau va bien. J’ai tout rangé à l’intérieur et dehors, avec les voiles qui me serviront pour les deux ou trois prochains jours, le J2 et J3. Je mentalise les manoeuvres à faire, prises de ris etc. Je prendrai le temps de bien faire les choses, Je suis prêt.”

– Imagines tu à terme un certain regroupement de la flotte de tête ou y a t’il possibilité pour les leaders de s’échapper?

“Si Seb et Charlie passent, ils peuvent faire de gros écarts. Mais je suis content d’être là. Il va y avoir de la grosse mer derrière le front. “

– As tu souvenir du très gros temps en 2020 et 2016?

“En 2016, en montant  très Nord, je casse le bateau en voulant éviter une dep comme celle ci. En 2020, j’ai eu 50 noeuds dans l’Indien, et des mers pénibles, C’est ce qu’on aura dans deux jours!”

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