Mardi 2 septembre 2025 : Ambrogio en son jardin
Bien que né à Milan, le skipper d’Allagrande Mapei Ambrogio Beccaria connait parfaitement la Ligurie, ayant étudié à La Spezia, le grand port entre Gênes et Pise. Il s’était promis d’y briller et, avec l’engagement sans faille de ses équipiers Thomas Ruyant, Morgan Lagravière et Manon Peyre, tient parole depuis le passage hier au soir du way point en Mer Tyrrhénienne. Allagrande Mapei y a trouvé ce flux de Sud modéré à soutenu, entre 16 et 20 noeuds, tant espéré pour libérer la puissance du plan Koch Finot Conq au portant vmg. Thomas, Ambrogio, Morgan et Manon se sont, comme des morts de faim, gavés de ce carburant vélique, rejoignant puis dépassant Paprec Arkea, avant, sous l’île d’Elbe et à l’ombre du tondu*, de se porter au commandement en milieu de nuit et en approche de Livourne. Ambrogio s’offrait le plaisir rare d’entamer en tête l’enchaînement des virements de bord devant Lerici et la Spezia, dans un vent mollissant désormais passé à l’Ouest Sud Ouest. 160 milles restent à parcourir, sous la forme d’une grande boucle dessinée dans le golfe de Gênes, avec une première marque à franchir dans l’Ouest, du côté de l’îlot de Gallinara, devant Vigo-Peirano. Les quatre voiliers de tête naviguent en moins de 2 milles et grande est à la tension pour des équipages certainement éprouvés par ces dernières 24 heures, quand le sommeil a pour tous été le cadet des soucis du jour.
*Surnom de Napoléon Bonaparte
Les mots du bord…
« Très beau passage à Bonifacio hier, côté Sardaigne, avec du vent à l’entrée, puis dans le couloir, et ensuite un peu plus léger avec un enchainement de virements de bord à 2 milles de Paprec Arkea. Des virements très tactiques au milieu des croisiéristes et des plaisanciers, dont de très jolis bateaux sous le soleil. On a rasé tous les cailloux. On s’est montré très joueur, au plus près des cailloux. C’était très sympa.
On est parti au reaching vers un waypoint au large, avec vent qui a forci, entre 16 et 20 noeuds. On espèrait un peu plus, pour partir de nuit au portant vmg qui est notre allure préférée. On a mis les bouchées doubles toute la nuit.
Ces dernières 24 heures ont été intenses entre Sardaigne et Corse. Pas de sommeil. Tout le monde sur le pont. On a rattrappé Arkea. On est devant depuis hier soir après le portant. On a été surpris par un petit problème d’énergie, résolu depuis. Mais Ambrogio a dû barrer sans instrument pendant quelques temps. On a un peu navigué en aveugle. On a continué à grappiller toute la nuit jusqu’à prendre le commandement. Le vent est tombé depuis. Beaucoup de nuages. Nos concurrents sont collés à nos basques. »
Pierre Bouras et Manon Peyre