Où l’on tutoie les records…
La folle cavalcade des IMOCAs, tribord amure dans l’alizé de Nord Est depuis le franchissement des Canaries il y a trois jours, les emmène tout naturellement à tutoyer ce matin le plus cinglant des records, celui de la plus longue distance parcourue par ces monocoques de 18,28 mètres en 24 heures. Il y a quasiment un an, le 27 novembre 2024, dans le cadre du Vendée Globe, c’est Sébastien Simon qui explosait la barre symbolique des 600 miles, en dévorant 615, 33 milles à 25, 64 noeuds de vitesse moyenne du côté du Cap de Bonne Espérance.
Les leaders de la Transat café L’Or 2025, à défaut de mers du Sud, profitent d’un alizé modérée d’Atlantique Nord, sur une mer relativement formée (vagues de 2 à 3 mètres), pour venir mettre en péril ce record. Ainsi le duo Goodchild – Berrehar sur Macif affichait-il à l’issue des dernières 24 heures (Classement de 7 heures) pas moins de 610 milles avalés à 25, 40 noeuds de moyenne. Allagrande Mapei, avec Thomas et Bogi aux commandes, n’a pas à rougir de la comparaison, avec ces 605, 9 milles parcourus en direction de la Martinique à 25,20 noeuds. Ces performances, on s’en doute, se paient au prix fort en termes d’engagement physique et en brutalité de navigation. Le bateau tape, s’ébroue, secoue, et les marins réduisent leurs déplacements à bord au strict minimum entre la bannette et le poste de barre. Car c’est bien manche en main que chaque protagoniste de tête se bat minute après minute, hectomètre après hectomètre, pour conserver sa place dans l’impressionnant combat qui se déroule au coeur de l’Atlantique, à 1 400 milles d’une arrivée à Fort de France désormais envisagée pour la nuit de jeudi à vendredi prochains.
Même si les écarts ne varient que d’une empoignée de milles, les classements provisoires peuvent encore évoluer avant les premières manœuvres d’approche de l’arc antillais, quand l’alizé, en prenant résolument de l’Est, dans l’axe de progression des bateaux, contraindra les IMOCAs à changer enfin d’amure. De la pertinence de ces virements de bord au vent arrière dépendra l’évolution des positions, si fragiles au regard des vitesses pratiquées par ces étonnants foilers.















