
De tout petits airs sont annoncés dimanche au large de Boulogne sur Mer, à l’heure où 11 IMOCAS s’élanceront pour un tour des îles Britanniques. Les 2 000 milles du parcours qui envoient les équipages à l’assaut des très septentrionales latitudes des îles Shetland devraient ainsi, en leur segment Manchois, se négocier au petit trot, jusqu’à la toujours très redoutée Mer d’Irlande que les voiliers supports du Vendée Globe traverseront aux allures proches du vent.
Une entame de course qui, à défaut de susciter enthousiasme et impatience, rassure des équipages aux prises avec leur premier rendez-vous sportif depuis le retour du Vendée Globe de leurs IMOCAS. Conscients que les conditions offertes lors des premières heures de course ne correspondent pas exactement aux allures préférées de leur VULNERABLE, Thomas Ruyant, Manon Peyre, Morgan Lagravière et Ambrogio Beccaria ont, depuis plusieurs jours déjà, élaboré avec leur conseiller météo à terre Marcel van Triest*, un plan d’action pour adapter au mieux leur voilier aux faibles flux proposés. Anticipation, observation, et réactivité seront les mots d’ordre des premières 24 heures, dans l’attente du moment où, voiles de portant déployées, VULNERABLE s’envolera sur ses grands foils en direction de l’Atlantique et l’Ouest Irlandais.
Go West !
L’observation des évolutions des masses d’air en Manche et sur les îles Britanniques a donc permis à la direction de course de trancher en faveur de l’Ouest, dans son dilemme d’envoyer les concurrents naviguer dans le sens ou à l’inverse du sens des aiguilles d’une montre autour des îles Britanniques. Les 11 IMOCAS en lice tourneront ainsi le dos à la mer du Nord dimanche à l’heure du départ, pour affronter bille en tête la Manche, ses Dispositifs de Séparation de Trafic, ses courants et son important trafic maritime. Thomas Ruyant, quatre mois après avoir bouclé son troisième Vendée Globe, retrouve avec plaisir son IMOCA VULNERABLE, à l’ergonomie légèrement modifiée pour accueillir trois membres d’équipage, et son mediaman préféré, Pierre Bouras. Une navigation nerveuse et ardue à souhait l’attend au départ de ses chères côtes d’Opale et le Nordiste, accompagné d’un équipage inédit et bourré de talent, en a anticipé tous les pièges et singularités. « Marcel van Triest nous a remarquablement aidé à identifier les zones à risques, champs d’éoliennes, DST et autres bancs de sables. » précise Thomas. « Marcel va au bout des choses, avec précision et minutie. Il dégrossit la course dans ses moindres détails et rend la lecture du plan d’eau très aisée. C’est un bonheur de travailler avec lui. »
Manon dans le grand bain
Les runs de vitesse d’hier, organisés à des fins de relations publiques avec les partenaires, permettent aussi à l’équipage de répéter quelques gestes essentiels, avant le grand départ de dimanche. « Nous remportons notre groupe pour accéder à la finale, mais de petits incidents mineurs nous empêchent d’y performer » raconte, laconique, Morgan Lagravière. Point de laconisme en revanche chez la jeune Manon Peyre, espoir de la voile Olympique Française et qui rebondit d’émerveillements en rêve éveillé ; « J’en apprend un peu plus chaque jour sur le bateau, grâce à la bienveillance de l’équipage. En arpentant les pontons et en côtoyant la crème de la course au large, je mesure la chance qui m’ait donné. Les bateaux sont des monstres qui ne font pas peur. Je me sens de plus en plus utile à bord. Je ne ressens aucune appréhension quant à la durée de la course. Le convoyage de 65 heures vers Dunkerque et Boulogne m’a semblé infiniment court. Je me concentre comme pour une épreuve Olympique. Je vais donner mon maximum. »
Course des Caps – Boulogne sur Mer – Banque Populaire du Nord : Départ Dimanche 29 juin à 14 heures, LIVE France 3 Hauts-de-France de 13 à 15h00
* Aucun routage autorisé durant la course, mais le travail de préparation météo en amont de l’épreuve est naturellement accepté et pratiqué par tous.
© JL Carli