Jour 56 : envers
et contre tout! 

C’est à une véritable coalition de malchance, d’éléments contraires et d’inconnues que le skipper de VULNERABLE Thomas Ruyant fait face depuis plusieurs jours, et ce passage dans le Nord des Falklands.

L’entrée en Atlantique le 27 décembre dernier n’était, certes, pas synonyme de promenade de santé vers Les Sables d’Olonne. Elle s’est révélée plus retors qu’imaginé, marquée par une impitoyable navigation au près, brutale et sans répit pour des machines et des hommes entamés par 8 semaines de course. Les dépressions, virulentes au large de l’Argentine et de l’Uruguay, ont aussi pris cette tournure orageuse imprévisible qui a surpris Thomas par sa soudaineté, lui coutant avant hier cette précieuse voile d’avant, typée pour l’angle et le volume de vent majoritairement attendus sur les deux Atlantiques (Sud et Nord).

La perte de ce fameux J2, rend d’autant plus cruelle l’autre avarie de voile survenue en fin d’Océan Pacifique, la casse de l’ancrage qui permet de passer la bosse du premier ris dans sa grand voile. Thomas Ruyant affronte ainsi démuni, la partie météorologiquement la plus complexe de son tour du monde au coeur de l’Atlantique Sud, là où se créent les dépressions du Grand Sud.

Désormais fortement handicapé, privé en grande partie de la « voile du temps » pour négocier les prochains trous d’airs à venir lors de la négociation, si périlleuse des phénomènes associés à hauteur du Cabo Frio, de la rencontre des masses d’air chaud de l’alizé du Sud Est avec les flux froids des dépressions Argentines; le Dunkerquois n’abdique pas. Il puise loin dans sa « gnaque » de compétiteur. Énergie et imagination sont les maitres-mots pour repousser les assauts de plus en plus pressants d’adversaires relégués il y a peu, à plus de 200 milles, et qui viennent depuis piaffer sur son tableau arrière.

« Je vais me battre avec mes armes !» souffle Thomas qui ne baissera pavillon et ne rendra les armes qu’une fois la ligne d’arrivée franchie.

 

Thomas Ruyant :

Un début d’Atlantique cauchemardesque

« Le début d’Atlantique Sud avait bien démarré, on avait une  mer plate et des conditions sympas. On était heureux de quitter les mers du sud, mais tout de suite derrière, un long épisode de près a commencé, avec peu de bascules pour raccourcir la route. Pas très agréable pour naviguer. Depuis deux jours, je suis arrivé au Sud du Brésil dans les zone où se forment les dépressions, là où se créent tous les minimums qui circulent travers à l’Atlantique et jusque dans l’Indien. C’est une zone où les prévisions sont souvent décalées car les phénomènes sont en formation. Il y a des choses qui n’apparaissent pas sur les modèles. Ce que j’ai connu il y a deux jours n’était pas un simple grain mais un petit minimum (= dépression) qui s’est développé le long du front et qui n’apparaissait sur aucun fichier. Il n’est apparu qu’après. C’est là que j’ai perdu mon J2. Il faut faire avec. Je me suis fait surprendre! »

Une longue remontée Atlantique

“J’ai encore une grosse zone de transition à traverser. Ma stratégie de départ était d’être à l’avant de ce front dans lequel je me trouve et dans lequel il n’ y a pas de vent. Avec la perte du J2, je suis en retard sur mes plans, je ne tiens pas le rythme que je voulais. J’ai dû revoir mes plans. Je n’ai pas réussi à faire ce qui était prévu. J’ai dû glisser pour traverser cette zone sans vent. J’étais hier au portant dans une molle. Pas facile de faire avancer le bateau, pendant que mes concurrents progressent avec un meilleur angle et par en dessous. Ca va durer. On comptera les points après cette zone de transition. Paul (Meilhat) est bien placé pour passer. J’essaie de glisser mais Paul peut ressortir avec 200 miles d’avance. Les dés sont jetés. Derrière, il y a du près dans du vent fort. Sous J3, je ne serai pas trop pénalisé. Mais après, beaucoup de près dans le medium. Or je n’ai plus de J2. Je vais essayer le J3, ou une autre voile qui n’es pas adaptée, car trop grande. La remontée vers l’équateur va être longue. Puis dans l’Atlantique Nord et l’alizé de Nord Est, ce sera configuration J2 obligatoire, je vais donc « prendre cher. »

“Ce n’est pas gai. Mais c’est ma réalité. Je suis lucide sur ce qui m’attend, avec les moyens dont je dispose. Je ne lâcherai rien, mais cela ne sera pas suffisant, je le sais. »

Embarquez pour le Tour du Monde des Vulnérables et rejoignez les 9000 personnes qui suivent déjà le parcours de sensibilisation.

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Compétition

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et contre tout! 

C’est à une véritable coalition de malchance, d’éléments contraires et d’inconnues que le skipper de VULNERABLE Thomas Ruyant fait face depuis plusieurs jours, et ce passage dans le Nord des Falklands.

L’entrée en Atlantique le 27 décembre dernier n’était, certes, pas synonyme de promenade de santé vers Les Sables d’Olonne. Elle s’est révélée plus retors qu’imaginé, marquée par une impitoyable navigation au près, brutale et sans répit pour des machines et des hommes entamés par 8 semaines de course. Les dépressions, virulentes au large de l’Argentine et de l’Uruguay, ont aussi pris cette tournure orageuse imprévisible qui a surpris Thomas par sa soudaineté, lui coutant avant hier cette précieuse voile d’avant, typée pour l’angle et le volume de vent majoritairement attendus sur les deux Atlantiques (Sud et Nord).

La perte de ce fameux J2, rend d’autant plus cruelle l’autre avarie de voile survenue en fin d’Océan Pacifique, la casse de l’ancrage qui permet de passer la bosse du premier ris dans sa grand voile. Thomas Ruyant affronte ainsi démuni, la partie météorologiquement la plus complexe de son tour du monde au coeur de l’Atlantique Sud, là où se créent les dépressions du Grand Sud.

Désormais fortement handicapé, privé en grande partie de la « voile du temps » pour négocier les prochains trous d’airs à venir lors de la négociation, si périlleuse des phénomènes associés à hauteur du Cabo Frio, de la rencontre des masses d’air chaud de l’alizé du Sud Est avec les flux froids des dépressions Argentines; le Dunkerquois n’abdique pas. Il puise loin dans sa « gnaque » de compétiteur. Énergie et imagination sont les maitres-mots pour repousser les assauts de plus en plus pressants d’adversaires relégués il y a peu, à plus de 200 milles, et qui viennent depuis piaffer sur son tableau arrière.

« Je vais me battre avec mes armes !» souffle Thomas qui ne baissera pavillon et ne rendra les armes qu’une fois la ligne d’arrivée franchie.

 

Thomas Ruyant :

Un début d’Atlantique cauchemardesque

« Le début d’Atlantique Sud avait bien démarré, on avait une  mer plate et des conditions sympas. On était heureux de quitter les mers du sud, mais tout de suite derrière, un long épisode de près a commencé, avec peu de bascules pour raccourcir la route. Pas très agréable pour naviguer. Depuis deux jours, je suis arrivé au Sud du Brésil dans les zone où se forment les dépressions, là où se créent tous les minimums qui circulent travers à l’Atlantique et jusque dans l’Indien. C’est une zone où les prévisions sont souvent décalées car les phénomènes sont en formation. Il y a des choses qui n’apparaissent pas sur les modèles. Ce que j’ai connu il y a deux jours n’était pas un simple grain mais un petit minimum (= dépression) qui s’est développé le long du front et qui n’apparaissait sur aucun fichier. Il n’est apparu qu’après. C’est là que j’ai perdu mon J2. Il faut faire avec. Je me suis fait surprendre! »

Une longue remontée Atlantique

“J’ai encore une grosse zone de transition à traverser. Ma stratégie de départ était d’être à l’avant de ce front dans lequel je me trouve et dans lequel il n’ y a pas de vent. Avec la perte du J2, je suis en retard sur mes plans, je ne tiens pas le rythme que je voulais. J’ai dû revoir mes plans. Je n’ai pas réussi à faire ce qui était prévu. J’ai dû glisser pour traverser cette zone sans vent. J’étais hier au portant dans une molle. Pas facile de faire avancer le bateau, pendant que mes concurrents progressent avec un meilleur angle et par en dessous. Ca va durer. On comptera les points après cette zone de transition. Paul (Meilhat) est bien placé pour passer. J’essaie de glisser mais Paul peut ressortir avec 200 miles d’avance. Les dés sont jetés. Derrière, il y a du près dans du vent fort. Sous J3, je ne serai pas trop pénalisé. Mais après, beaucoup de près dans le medium. Or je n’ai plus de J2. Je vais essayer le J3, ou une autre voile qui n’es pas adaptée, car trop grande. La remontée vers l’équateur va être longue. Puis dans l’Atlantique Nord et l’alizé de Nord Est, ce sera configuration J2 obligatoire, je vais donc « prendre cher. »

“Ce n’est pas gai. Mais c’est ma réalité. Je suis lucide sur ce qui m’attend, avec les moyens dont je dispose. Je ne lâcherai rien, mais cela ne sera pas suffisant, je le sais. »

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