
Le Vendée Globe de Sam Goodchild, et des marins en quête d’une plus qu’honorable 4ème place, a décidé de se montrer impitoyable jusqu’au bout. Après plus 22 000 milles parcourus, c’est un final sous très haute tension qui débute, marqué par l’arrivée de ce que d’aucuns désignent volontiers comme le plus gros coup de vent de tout ce tour du monde. Une énorme dépression de 993 hectopascals déboule en direction des Açores, en enflant d’heure en heure et en levant par endroit une mer creusée de près de 10 mètres.
Un final dantesque que les marins affrontent crânement, déchirés par le cruel dilemme de devoir choisir entre performances, résultats et impérieuse nécessité de préserver de leur mieux leur embarcation marquée par 70 jours d’une navigation à très haute intensité. Sam Goodchild a profité hier des dernières heures de pétole pour mettre son VULNERABLE en configuration adaptée à ce dernier effort herculéen avant le golfe de Gascogne et le dernier sprint vers la Vendée. Il a pu inspecter de fond en comble son bateau, sortir ses voiles et les positionner sur l’arrière du voilier en prévision des cavalcades musclées en bordure de la dépression. Il a surtout pu escalader son mât et réparer, 28 mètres au-dessus du pont et malgré la mer hâchée, son aérien et remplacer une drisse. Il a pu constater de visu l’infime distance qui le sépare de Jérémy Beyou (Charal), hier à son vent et à seulement 1.5 miles de distance. Les deux hommes ont depuis l’aube pu redémarrer et renouer avec des vitesses supérieures à 20 noeuds, sur une mer pas encore bousculée par l’arrivée de la dépression. Leur duel s’annonce épique et les écarts à l’arrivée, infimes. Leurs routes vont elles se scinder entre voie plus clémente, mais moins rapide au Sud, ou suivre une même courbure vers le centre rapide mais brutal de la dépression ? C’est tout l’objet de ce dernier dimanche dans le Vendée Globe.
1- Comment se passe la traversée de la dorsale?
« C’est un peu plus long que prévu. On perd un peu de temps. C’est le jeu! j’en ai profité pour faire pas mal de bricolage hier. J’ai vérifié le bateau de fond en comble. J’air réparé pas mal de choses, écoute de grand-voile, vérin de pilote, et je suis monté dans le mât. J’ai changé l’aérien qui était cassé ainsi que la drisse. C’était chaud car il y avait deux mètres de creux. J’ai sèché le bateau et j’ai sorti les voiles. Je suis bien rincé. On a un peu de vent et on commence à accélérer. »
2- Es tu enfin en bâbord amure?
“Toute la journée d’hier toujours en tribord. Ce n’est que ce matin que l’on a pu virer de bord. »
3- Que donne le comparatif de vitesse avec Charal dans les petits airs?
« On a tous les deux bricolé hier. Pendant que j’étais dans le mât, je l’ai vu affaler sa grand voile. On s’est rapproché à un mille et demi. »
4- Comment vas tu négocier la grosse dépression en ton Nord?
« Je n’ai pas regardé dans les détails. C’est costaud! Je ne vois pas de sortie très simple. On finit avec des bords au près le long du Portugal. L’option sera… d’aller chercher le centre, en faisant gaffe. Il y aura 50 noeuds, avec des rafales. Pas trop le choix! »
5- Les derniers jours s’annoncent difficiles ; c’est dur de terminer ainsi un tour du monde?
« J’aurai espéré mieux. J’ai plus à perdre qu’à gagner, avec un bateau qui n’avance pas très bien dans la mer. Je vais faire avec et Les Sables seront bien mérités. »
6- Dans quel état d’esprit abordes tu ces derniers jours? soulagement? heureux?
« Je suis assez stressé pour le final. Comment passer la dep sans casser, trouver le bon dosage entre météo et la performance. J’espère pourvoir garder cette 4ème place mais cela s’annonce très difficile. La météo empire de jour en jour. Je me suis rassuré hier en faisant le tour du bateau. »
7- Où en es tu niveau nourriture?
« Pas de souci avec le chocolat. Je pourrai faire un deuxième tour du monde. Je vais ouvrir demain le dernier sac de nourriture, qui annonce la fin de ce tour du monde. »