
Trou d’air à Madère
La belle cavalcade tout schuss vers Madère des leaders de la Classe IMOCA, Charal et Allagrande Mapei, s’est brutalement interrompue en milieu de nuit dernière quand le vent a déserté le versant sud de la grosse dépression qui cloue actuellement à terre la flotte des Class 40 de cette Transat Café L’Or.
Thomas et Bogi, à l’instar de leurs adversaires directs de Charal, Jérémie Beyou et Morgan Lagravière, avaient jusque vers minuit, parfaitement exploité une bonne veine de vent de secteur nord nord ouest pour débouler au portant en direction des Canaries et ce passage obligé entre l’île de Fuertaventura et le Maroc occidental. C’est peu après minuit que ces deux leaders tombaient dans la nasse déventée d’une dorsale alanguie sur leur route. Très inspirés dans leur placement plus à l’ouest, et décalés par rapport à la route directe, Macif (Goodchild-Berrehar) et 11th Hour (Clapcich-Harris) se recalaient avec de la vitesse en profitant de la rotation du vent à l’Ouest et venaient se glisser devant l’étrave d’Allagrande Mapei fortement ralenti 4 heures durant. Ce petit ralentissement est ce matin relégué aux mauvais souvenirs et Allagrande Mapei a repris sa marche en avant. Thomas et Bogi enregistrent cependant leur plus mauvais classement provisoire depuis 4 jours et le départ du Havre, 4ème. Une position de chasseur certes un poil irritante, mais qui doit diablement survolter les deux hommes en position d’observateur dans le très délicat passage aux Canaries à venir. L’archipel espagnol, ainsi qu’en attestent les faibles vitesses enregistrées cette nuit par les Ocean Fifty, est en effet écrasé par une vaste zone déventée et les 300 et quelques milles qui séparent les premiers IMOCAS de ce passage obligé sont marqués du sceau de la pétole plus ou moins franche.
Du peu d’air de Madère, au trou de souris des Canaries, les navigateurs, Thomas Ruyant en tête, vont devoir sacrément disséquer leurs fichiers météos pour avancer toute la journée au petit trot cap au Sud. Malheureux cette nuit, Allagrande Mapei va s’atteler à grappiller mètre par mètre la trentaine de milles qui le sépare désormais du nouveau leader Macif. La route des alizés qui soufflent au large de la Mauritanie se paie cher cette année et cette journée d’approche des Canaries s’annonce riche en bouleversements, et stressante en matière d’enjeux, tant il est vrai que les premiers à entrer dans les flux alizéens seront aussi les premiers à s’échapper vers les Antilles.














