
Rêve de podium
A moins de 650 milles de l’arrivée à Fort de France, envisagée pour demain vendredi en soirée, Thomas Ruyant et Ambrogio Beccaria à bord d’Allagrande Mapei, continuent de rêver à une toujours accessible place sur le podium. S’il est, en voile, l’usage de ne jamais considérer comme acquis un résultat avant la ligne franchie, il semble bien que personne ne viendra désormais contester la superbe du leader de cette traversée de l’Atlantique, Charal au duo Beyou-Lagravière. Ce dernier pourrait ainsi devenir dès demain matin le seul marin à remporter trois fois consécutivement cette Transat Café L’Or, après ses succès de 2021 et 2023 en compagnie de Thomas.
Grâce à sa vitesse intrinsèque toujours un peu supérieure à celle de ses adversaires, et à des trajectoires millimétrées, Charal est parvenu, mille à près mille, à porter son avance à plus de 100 milles sur ses deux concurrents immédiats, Macif (Goodchild – Berrehar) et 11th Hour (Clapcich-Harris) engagés dans un terrible bras de fer, quasiment à vue l’un de l’autre pour la place de dauphin. Et si un troisième larron, personnifié par le duo Ruyant – Beccaria venait mettre tout le monde d’accord ? C’est en tous cas ce à quoi secrètement les hommes d’Allagrande Mapei aspirent ce matin. S’ils ont eux aussi régulièrement et irrésistiblement concédé chaque jour quelques milles au leader, ils sont parvenus imperceptiblement à grignoter un peu de leur retard sur l’infernal duo en lutte pour le podium. De 53 nautiques hier matin, leur débours est en effet passé à l’heure où nous écrivons ces lignes (classement de 8 heures) à environ 40 milles. L’espoir d’accrocher un podium demeure ainsi bien réel. Toto et Bogi en sont conscients, et savent qu’aucune erreur de trajectoire ne sera tolérée, dans l’exigeant exercice d’enchainements des empannages pour rejoindre l’arc Antillais, imposé par un alizé de plus en plus orienté à l’est et dans l’axe de progression des monocoques.
Ainsi que les 4 800 milles déjà parcourus sur le fond l’ont démontré, ce n’est guère sur la vitesse intrinsèque des bateaux que se feront les différences, mais bien à la justesse et à la précision des choix de route. Lucidité, inspiration, résilience sont en cette fin de 11 ème jour d’une intense navigation, les mots d’ordre du moment.















