Jour 42 : A une
semaine du cap Horn!

A l’instar des membres de son groupe compact des lointains poursuivants des leaders de ce Vendée Globe, Sam Goodchild affronte de pénibles conditions de navigation au coeur du Pacifique Sud, caractérisées par une grande instabilité du vent, combinée avec une mer formée et désordonnée qui empêche les foilers d’exprimer toutes leurs capacités de glisse, voire de vol. Les vitesses s’en ressentent, et la vie du bord s’est dégradée, avec cette obligation permanente de réagir aux importants changements de force et de direction du vent. Porter la toile du temps est une gageure, à laquelle les solitaires peinent à répondre, risquant en permanence de se trouver surtoilé dans les grains ultra rapides du Pacifique qui laissent peu de place à la sage anticipation du marin au long cours. Sam lutte ainsi âprement contre ces éléments si peu coopératifs, toujours habité de cette flegmatique lucidité à tout ce qui l’entoure, à commencer par le bien être et la santé de son VULNERABLE, dont il sent, après plus de 14 000 milles parcourus, monter la fatigue. Encore une  pleine semaine de ce régime venté et tempétueux l’attende pourtant, avant la délivrance du cap Horn et le retour en Atlantique, d’ici au 28 décembre certainement.

⚠️ Dernière minute : La nuit australe tombait sur Sam ce matin heure Française quand la grande voile d’avant qui tractait VULNERABLE est soudainement tombée à l’eau. Sam a immédiatement arrêté le bateau et constaté que les 180 m2 de tissus trempaient dans l’eau, en partie enroulés autour de son foil bâbord. Le Britannique de VULNERABLE, après un court moment de réflexion, s’est attelé à remonter à la force des bras l’intégralité de sa voile, sans même l’abimer, et est parvenu à la rentrer en soute, le tout en à peine une heure.

📞 💬 Sam Goodchild :

– Tu navigues de nouveau dans des conditions  de vent et de mer difficiles….

« La nuit dernière n’était pas très sympa, avec pas mal de mer, 5 mètres de creux, avec des surfs que l’on n’aime pas, du vent rafaleux, entre 22 et 40 noeuds! Pas simple de changer les voiles. Avec les grosses vagues, on ne peut pas se permettre de naviguer sur toilé. On attend que le vent faiblisse. On réduit au maximum. En regardant les vitesses de la flotte, je crois que je ne suis pas le seul à souffrir. On a encore pas mal de grains qui arrivent à une vitesse incroyable. Tu as à peine le temps de les voir arriver qu’ils sont déjà sur nous. C’est l’état de la mer qui nous empêche de bien passer. »

– Cette dépression favorise-t’elle les leaders, qui ont moins de mer en avant du front? L’élastique semble se tendre par devant!

« Je ne regard même pas les leaders. C’est la météo en Atlantique qui décidera de l’issue de la course. Je ne regarde pas les écarts. »

54-55 ° Sud. Es tu déjà descendu aussi Sud?

« Oui en passant le Horn avec Holcim durant The Ocean Race. On avait navigué par 60° Sud si je me souviens . On avait eu très froid! »

– Quelle est la température extérieure et celle de l’eau? Surveilles-tu cette température rapport aux growlers?

« Il fait 13° dans le bateau et je n’ai pas le capteur dans l’eau, mais je ne surveille pas. L’organisation nous a mis bien  à l’abri des growlers. Pas d’iceberg à cette latitude. Il y a de la neige dans les grains cependant. »

– Commences-tu à penser au Horn?

« Oui. Le bateau commence à fatiguer. Rien de grave. Cela fait un  bout de temps qu’on est dans des conditions  musclées et je n’ai pas pu faire un  vrai check du bateau. Juste des petits soucis techniques, que j’aimerai pouvoir gérer dans moins de vent, quand ça se calmera un peu. Le pilote notamment qui m’a lâché une heure hier! Je dois vider une petite fuite d’eau toutes les 6 heures au niveau du puits de quille. Rien de très embêtant mais c’est l’accumulation des petits soucis qui me dit que le bateau fatigue. »

– Es tu étonné du rythme des premiers après 42 jours?

« Le rythme est très élevé. C’est impressionnant. Je pensais que ça allait se calmer mais ce n’est pas le cas. Dès qu’on n’est pas à fond, on perd des milles. »

– Penses tu que certains bateaux ont des soucis mais refusent d’en parler?

« Oui je pense que tout le monde a de petits soucis. On n’en connaît pas la gravité. On ne le saura jamais. Mais seulement 4 abandons depuis le départ, c’est peu; Personne ne quitte le train! »

– Comprends tu cette stratégie du secret?

« Oui parfaitement. Quand on est au coude à coude, on sait que l’adversaire va attaquer davantage s’il connait tes soucis. Savoir que le gars en face a des soucis t’incite à gérer le risque différemment. »

– La Zone d’Exclusion des glaces est elle plus contraignante dans le Pacifique?

« Oui dans le sens où on doit faire du Sud pour passer le Horn. On doit rebondir en permanence sur cette zone. »

– Regardes-tu du côté de Justine Mettraux? que penses-tu de sa course?

« Elle n’est pas loin. Elle va encore se rapprocher. Je ne suis pas surpris par ses performances. C’est un marin très expérimenté. Elle a pu lâcher Sam et Clarisse. »

– ETA Horn?

« Plutôt le 28 décembre, dans une semaine! »

Embarquez pour le Tour du Monde des Vulnérables et rejoignez les 9000 personnes qui suivent déjà notre parcours de sensibilisation.

Partagez l’article

Compétition

Jour 42 : A une
semaine du cap Horn!

A l’instar des membres de son groupe compact des lointains poursuivants des leaders de ce Vendée Globe, Sam Goodchild affronte de pénibles conditions de navigation au coeur du Pacifique Sud, caractérisées par une grande instabilité du vent, combinée avec une mer formée et désordonnée qui empêche les foilers d’exprimer toutes leurs capacités de glisse, voire de vol. Les vitesses s’en ressentent, et la vie du bord s’est dégradée, avec cette obligation permanente de réagir aux importants changements de force et de direction du vent. Porter la toile du temps est une gageure, à laquelle les solitaires peinent à répondre, risquant en permanence de se trouver surtoilé dans les grains ultra rapides du Pacifique qui laissent peu de place à la sage anticipation du marin au long cours. Sam lutte ainsi âprement contre ces éléments si peu coopératifs, toujours habité de cette flegmatique lucidité à tout ce qui l’entoure, à commencer par le bien être et la santé de son VULNERABLE, dont il sent, après plus de 14 000 milles parcourus, monter la fatigue. Encore une  pleine semaine de ce régime venté et tempétueux l’attende pourtant, avant la délivrance du cap Horn et le retour en Atlantique, d’ici au 28 décembre certainement.

⚠️ Dernière minute : La nuit australe tombait sur Sam ce matin heure Française quand la grande voile d’avant qui tractait VULNERABLE est soudainement tombée à l’eau. Sam a immédiatement arrêté le bateau et constaté que les 180 m2 de tissus trempaient dans l’eau, en partie enroulés autour de son foil bâbord. Le Britannique de VULNERABLE, après un court moment de réflexion, s’est attelé à remonter à la force des bras l’intégralité de sa voile, sans même l’abimer, et est parvenu à la rentrer en soute, le tout en à peine une heure.

📞 💬 Sam Goodchild :

– Tu navigues de nouveau dans des conditions  de vent et de mer difficiles….

« La nuit dernière n’était pas très sympa, avec pas mal de mer, 5 mètres de creux, avec des surfs que l’on n’aime pas, du vent rafaleux, entre 22 et 40 noeuds! Pas simple de changer les voiles. Avec les grosses vagues, on ne peut pas se permettre de naviguer sur toilé. On attend que le vent faiblisse. On réduit au maximum. En regardant les vitesses de la flotte, je crois que je ne suis pas le seul à souffrir. On a encore pas mal de grains qui arrivent à une vitesse incroyable. Tu as à peine le temps de les voir arriver qu’ils sont déjà sur nous. C’est l’état de la mer qui nous empêche de bien passer. »

– Cette dépression favorise-t’elle les leaders, qui ont moins de mer en avant du front? L’élastique semble se tendre par devant!

« Je ne regard même pas les leaders. C’est la météo en Atlantique qui décidera de l’issue de la course. Je ne regarde pas les écarts. »

54-55 ° Sud. Es tu déjà descendu aussi Sud?

« Oui en passant le Horn avec Holcim durant The Ocean Race. On avait navigué par 60° Sud si je me souviens . On avait eu très froid! »

– Quelle est la température extérieure et celle de l’eau? Surveilles-tu cette température rapport aux growlers?

« Il fait 13° dans le bateau et je n’ai pas le capteur dans l’eau, mais je ne surveille pas. L’organisation nous a mis bien  à l’abri des growlers. Pas d’iceberg à cette latitude. Il y a de la neige dans les grains cependant. »

– Commences-tu à penser au Horn?

« Oui. Le bateau commence à fatiguer. Rien de grave. Cela fait un  bout de temps qu’on est dans des conditions  musclées et je n’ai pas pu faire un  vrai check du bateau. Juste des petits soucis techniques, que j’aimerai pouvoir gérer dans moins de vent, quand ça se calmera un peu. Le pilote notamment qui m’a lâché une heure hier! Je dois vider une petite fuite d’eau toutes les 6 heures au niveau du puits de quille. Rien de très embêtant mais c’est l’accumulation des petits soucis qui me dit que le bateau fatigue. »

– Es tu étonné du rythme des premiers après 42 jours?

« Le rythme est très élevé. C’est impressionnant. Je pensais que ça allait se calmer mais ce n’est pas le cas. Dès qu’on n’est pas à fond, on perd des milles. »

– Penses tu que certains bateaux ont des soucis mais refusent d’en parler?

« Oui je pense que tout le monde a de petits soucis. On n’en connaît pas la gravité. On ne le saura jamais. Mais seulement 4 abandons depuis le départ, c’est peu; Personne ne quitte le train! »

– Comprends tu cette stratégie du secret?

« Oui parfaitement. Quand on est au coude à coude, on sait que l’adversaire va attaquer davantage s’il connait tes soucis. Savoir que le gars en face a des soucis t’incite à gérer le risque différemment. »

– La Zone d’Exclusion des glaces est elle plus contraignante dans le Pacifique?

« Oui dans le sens où on doit faire du Sud pour passer le Horn. On doit rebondir en permanence sur cette zone. »

– Regardes-tu du côté de Justine Mettraux? que penses-tu de sa course?

« Elle n’est pas loin. Elle va encore se rapprocher. Je ne suis pas surpris par ses performances. C’est un marin très expérimenté. Elle a pu lâcher Sam et Clarisse. »

– ETA Horn?

« Plutôt le 28 décembre, dans une semaine! »

Embarquez pour le Tour du Monde des Vulnérables et rejoignez les 9000 personnes qui suivent déjà notre parcours de sensibilisation.

Partagez l’article

TORE : l’avitaillement en course – LEG 5

Longue de plus de 1 600 milles, ce Leg 5 de The Ocean Race impose naturellement une approche logistique millimétrée, notamment en matière d’avitaillement, pour apporter calories mais aussi confort…

TORE : Accélérations Baléariennes

Il aura fallu attendre de rejoindre la longitude de Minorque, au terme d’un jour et demi de course, pour qu’enfin le quatuor de tête de ce long Leg 5 de…

TORE : guerre des nerfs

Conformément aux prévisions étudiées à Gênes par l’ensemble des 7 équipages de The Ocean Race Europe, les premières 48 heures du 5ème et dernier Leg de l’épreuve se distinguent par…

VITTORIA !

S’il ne fallait en gagner qu’une, ce devait être celle-là. Un skipper Italien, Ambrogio « Bogi » Beccaria, un bateau désormais Italien, Allagrande Mapei, un partenaire Italien, le Groupe Mapei,…

Ambrogio en son jardin

Mardi 2 septembre 2025 : Ambrogio en son jardin Bien que né à Milan, le skipper d’Allagrande Mapei Ambrogio Beccaria connait parfaitement la Ligurie, ayant étudié à La Spezia, le…

Les mêmes, et on recommence….

Les mêmes, et on recommence…. Le duel entre les deux plans Verdier et les deux Koch Finot Conq a repris de plus belle hier après midi avec le lancement devant…

Morgan Lagravière : « Nous avons retrouvé l’intensité et le dynamisme ! »

Morgan Lagravière : « Nous avons retrouvé l’intensité et le dynamisme ! » C’est un équipage Franco-Britannico-Italien (Thomas Ruyant, Morgan Lagravière, Abby Ehler, Ambrogio Beccaria) profondément heureux qui a porté vendredi dernier l’IMOCA Allagrande Mapei…

TORE : Podium Niçois !

Podium Niçois! Thomas, Ambrogio, Abby et Morgan à bord d’Allagrande Mapei ne seront pas parvenus à contester la superbe du Biotherm de Paul Meilhat tout au long du sinueux parcours…

TORE : une journée à Majorque

Une journée à Majorque George Sand, dans son Best seller « Un hiver à Majorque », décrit la plus grande îles des Baléares comme un paradis terrestre. Doutons que les 7 équipages…

The Ocean Race Europe : Régate Majorquine

C’est une flotte toujours très compacte de foilers étirée sur moins d’une dizaine de milles qui va toute la journée jouer avec les petits air de l’archipel des Baléares. Biotherm…

TORE : Un retour et des promesses

Thomas Ruyant, arrivé samedi dernier à Cartagena, terme du Leg 2 de The Ocean Race Europe 2025, prend le temps de débriefer avec l’équipage d’Allagrande Mapei, les nombreuses tribulations qui ont…

The Ocean Race Europe : Jour 5

Yoyo On appelle cela le jeu du yoyo ou de l’élastique, quand un bateau vient buter dans une molle, permettant à son poursuivant de se rapprocher, pour mieux redécoller avec…

The Ocean Race Europe : J+4

Pression-compression Comme c’est souvent le cas lors de courses estivales en Méditerranée, le caractère paresseux de cette grande mer intérieure vient souvent bousculer les scénari et rebattre des cartes que…

The Ocean Race Europe J+3

Course poursuite Le Fly by, cet arrêt de trois heures imposé aux concurrents à Matosinhos près de Porto, n’aura au final guère redistribué les cartes. Six des 7 protagonistes de…

The Ocean Race Europe : J+2

Mercredi 20 aout A la recherche du temps perdu Ils auront beaucoup tenté, et Dame Chance n’aura guère souri aux audacieux Ambrogio Beccaria, Thomas Ruyant, Morgan Lagravière et Manon Peyre…